Les pécheurs peuvent parfois avoir la surprise de retrouver certains de leurs filets colmatés par une substance gluante qui leur est inconnue.

Ce phénomène naturel peut être observé sur toutes les côtes françaises, plus ou moins fréquemment selon les sites. Sur la côte basque, où ce phénomène est récurrent, cette substance est dénommée « liga » (dérivé de « ligarda » signifiant « liquide gluant ») par les professionnels de la pèche. En Méditerranée, elle est désignée sous le nom de « popole ».

L’occurrence de l’apparition du « liga » sur la côte basque semble augmenter depuis une dizaine d’années : alors qu’il apparaissait de façon isolée au printemps, le « liga » semble être plus fréquent et persister tout au long de l’année.

Parce que ce phénomène entrave l’activité de pêche, le « liga » a généré quelques expertises et plusieurs initiatives de recherche :

• En 2001, le Laboratoire Ifremer/DEL Arcachon réalise une étude localisée visant à identifier les composants du « liga » s’étant déposé sur des engins de pèche au large de Saint-Jean de Luz.
• En 2006, le Laboratoire d’Analyse des Prélèvements Hydrobiologiques (LAPHY) d’Ahetze analyse des échantillons de « liga » provenant de la côte Basque et publie ses résultats dans l’Echo des Quais, journal interne des pécheurs en mer de la côte basque et sud-landaise.
• En 2011, l’IMA (Institut des Milieux Aquatiques) a mis sur pied un programme associant plusieurs équipes universitaires visant à identifier et à rechercher les causes d’apparition de cette substance visqueuse à l’initiative des professionnels de la pèche du sud de l’Aquitaine.
• Une thèse qui s’intéresse à la caractérisation du phénomène de « liga » sur la côte sud atlantique est en cours actuellement dans l’Equipe Environnement et Microbiologie (EEM) à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Mais qu’est-ce que le « liga » ?

Si les conditions d’apparition du « liga » sont encore inconnues, sa composition, étudiée localement par des scientifiques, commence à être mieux comprise.

Le « liga » est constitué d’un mélange de nombreux éléments organiques et minéraux provenant de la mer ou du continent :

Une fraction inerte est formée par les débris minéraux (argiles), organiques (mucus) et végétaux (grains de pollen) provenant d’origines variées dont des apports sédimentaires fluviaux.

Une fraction est vivante, et constituée de bactéries (comme E. coli ou des Cyanobactéries), de champignons, de phytoplancton (diatomées et dinoflagellés), de macroalgues, d’animaux (larves, vers, œufs de poisson, œufs de copépodes).

Le « liga », à ne pas confondre avec une efflorescence de phytoplancton !

Le « liga » forme une boue marron qui peut ressembler à certaines efflorescences de microalgues. L’apparition du « liga », comme celle des blooms, est probablement en partie liée à des apports nutritifs et/ou organiques localisés. Mais bien que du phytoplancton figure dans la composition de cette substance, ce n’est pas la manifestation d’un bloom planctonique !